Essai Bateau : Le Jeanneau Sun kiss 47, un incontournable

19 décembre 2019

Dans le monde des chantiers de plaisance, ce n’est un secret pour personne que d’écrire que la qualité de construction, des aménagements intérieurs et de la finition évolue. Si la qualité des coques et ponts n’a fait que s’améliorer avec les années, il n’en va pas forcément de même pour les intérieurs. Le Jeanneau Sun Kiss 47 est un très bel exemple d’un voilier des années 1980 sur lequel les aménagements intérieurs relevaient davantage de l’ébénisterie traditionnelle que de l’assemblage de kits et de panneaux industriels.

Quand mon copain Eric m’a proposé un tour vers Houat et Hoëdic, sur ce voilier Jeanneau de la gamme Sun Kiss appartenant à son père Marc Gélébart, je ne me suis pas fait prier !

Construit à 315 exemplaires entre 1983 et 1989, sur un dessin de Philippe Briand, le Sun Kiss 47 était le grand croiseur de référence de l’époque. La coque en fibre de verre, renforcé de couches de tissus aramide (plus connue sous le nom de Kevlar) en font un bateau solide, taillé pour le large.

1. Qu’il est beau ce Sun Kiss 47

Ce matin d’avril, à Folleux, il y a de la brume. On ne distingue pas tous les bateaux qui se balancent sur leur corps mort… Mais il y en a un qu’on voit bien, avec sa coque blanche et bleue et ses deux étais, c’est Birdie, le Sun Kiss 47 qui nous attend sur la Vilaine.

De là ou je me trouve, je vois bien sa jupe profonde et je me rends compte des dimensions (longueur 14,45 m) et surtout de la largeur (4,50 m) de l’engin. C’est un gros bébé, ce n’est pas pour me déplaire !

2. Un grand cockpit et de la place partout !

On rejoint le bateau avec la prame du port et on y monte facilement par la jupe arrière. Celle-ci, sans offrir l’espace des voiliers actuels au maître-bau reculé offre suffisamment de place pour se baigner ou accéder à l’annexe. Deux marches mènent au cockpit en contournant le pataras.

La grande barre à roue occupe le milieu de celui-ci et il faut marcher sur les banquettes pour accéder à l’avant du cockpit qui va en s’élargissant largement. La table pliante est montée contre la console de barre qui reçoit le compas et tous les instruments.

Sous le plancher du cockpit, la cale moteur, énorme et qui peut facilement abriter un dessalinisateur et un générateur.

Les passavants sont larges, on accède facilement à l’avant. Deux étais, deux voiles d’avant, dont une trinquette, ça c’est vraiment pratique.

Les prise de ris sur les génois sur enrouleur ne valent pas grand chose, le point de tire monte trop haut !

La plage avant est idéale pour la bronzette, d’autant que le bateau dispose de bossoirs pour l’annexe. Tout à l’avant, on trouve la soute à voile accessible depuis le pont; et le davier dont certains disent que sa conception favorise les blocages de la chaîne entre guindeau et barbotin.

De retour au cockpit avant d’emprunter la descente, je franchis le rail d’écoute de grand-voile. Un rail d’écoute monté dans le cockpit, signe d’un bateau qui avance !

3. Sun kiss 47 : Un intérieur d’ébéniste !

J’emprunte la descente assez raide pour entrer dans un espace assez étonnant en comparaison de productions concurrentes. La lumière tombe de partout, des hublots zénithaux ainsi que de la double rangée de hublots de coque. La hauteur sous-barrots est remarquable.

Mais ce qui frappe, c’est la remarquable qualité de l’ébénisterie dégagée par l’ensemble. le barrotage transversal massif, crée une ambiance cosy, façon “maison de hobbit” avec son effet de poutres cintrées. Les rangements sont omniprésents et la qualité des meubles tout simplement stupéfiante en comparaison de certaines productions allemandes beaucoup plus récentes. On trouve une bibliothèque, un bar, et de multiples rangements astucieusement répartis et joliment exécutés en teck massif.

Les deux cabines arrières, bien éclairées et ventilées par leurs deux hublots disposent d’un lavabo et se partagent une salle d’eau (douche et WC manuels). En avançant sur tribord, trône une authentique table à carte. Une vraie, pas une de ces tablettes à Ipad incapable de contenir des cartes papier des bateaux modernes ! Ici on dispose d’un vrai espace de navigation, un bureau et tous les contrôles électriques à portée de main.

Sur tribord, la cuisine, en longueur contient beaucoup de rangements ainsi qu’un frigo, une glacière à légumes, un évier double et une gazinière trois feux. Pas de doute, ce bateau est pensé pour aller loin.

Un mot sur les équipets et placards en tous genres : ils tiennent tous fermés à la mer, les loquets en bronze sont solides.

Le carré est installé sur bâbord, avec ses assises confortables, son banc de coin et sa grande table. Plus loin en avant, dans cette version “Team” (4 cabines), l’avant du bateau est occupé par deux cabines.
Une cabine avec une couchette double à bâbord et une avec couchettes superposées à tribord.
Les deux se partagent une salle d’eau avec lavabo, douche et WC.

Partout des rangements et une qualité de finition des meubles assez remarquable. Enfin, la pointe avant est occupée, juste derrière le davier, par une soute à voile qui fait aussi office de cambuse et de stockage de matériels en tous genre.

4. Sous les planchers du sun kiss 47 !

Ce bateau, configuré pour la navigation au soleil, dispose d’une installation 12 V comportant trois batteries : 1 pour le moteur et deux de 200 Ah de servitude.

La capacité paraît réduite, mais ce bateau monte plusieurs moyens de charge :

  • 500 W de panneaux photovoltaïques
  • 500 W d’éolienne
  • 1 alternateur de 120 A

L’ensemble permet d’étaler la consommation journalière sans difficulté. C’est un choix intelligent, favoriser la capacité de charge au détriment du stockage.

5. Essai en mer du sun kiss 47 : la descente de la Vilaine !

Une fois tous à bord, nous ne devrions pas nous marcher sur les pieds, à 3 sur ce puissant navire ! Nous larguons les amarres et empruntons les méandres de la Vilaine. Que c’est joli, collines, gentilhommières, et petits ports se succèdent avant d’atteindre Arzal et son écluse assez rapidement. Il est vrai que le bateau dispose d’une motorisation puissante -70 chevaux- et c’est bien pratique, on va vite et on manœuvre. A 2000 tours, on atteint 6 nœuds pour 3 L/H.

Arrivés à Arzal, c’est la foire d’empoigne tant il y a de monde à l’écluse. Bien qu’arrivés en milieu de peloton, l’éclusier nous fait signe d’entrer les premiers. Privilège ! Nous sommes bien sur un gros bateau.

6. Cap à l’Ouest !

Une fois quitté la rivière nous mettons le cap au 240°, vers l’île de Houat. Un petit force 4 nous propulse du Nord Ouest au travers, tout dessus. Quel plaisir de barrer debout ce grand bateau. La grande barre et le safran profond (à surveiller, certaines mèches finissent par tourner dans le vide une fois le safran très délaminé) offrent un contrôle en douceur et un retour immédiat. Le bateau gîte à peine même quand on lofe un peu.

Il y a du clapot à la sortie de l’estuaire, mais nous jaugeons probablement plus de 14 tonnes et la carène puissante fait le travail dans les vagues sans se soulever. Une fois sous pilote, installé contre un solide balcon arrière, je jette un œil sur le gréement dormant. Les étais, pataras et haubans sont tous réalisés avec le même câble d’une bonne douzaine de millimètres de diamètre. Du solide !

Au travers avec 12 nœuds de vent, le sun kiss 47 gîte à peine. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on enverra la trinquette !

On abat un peu tandis que le vent monte, avec 15 nœuds de vent au portant, on dépasse souvent les 8 nœuds. Cette allure convient bien au bateau équipé d’un grand génois à fort recouvrement et dont le poids lui évite les embardées. J’aurais bien fait la transat aller à son bord…

Avec la chevauchée des Valkyries en fond sonore et un sourire vissé sur le visage, c’est un grand plaisir de barrer à la vague ce grand voilier docile et sécurisant. On vire et nous retrouvons au près, et on se rends bien compte, en reprenant les écoutes, que l’on navigue sur un grand bateau. Debout sur le roof pour prendre le premier ris, c’est du sport ! Le sun kiss 47 demande un skipper physique pour le mener longtemps seul ou en équipage réduit. Les forces en jeu sont importantes et cela se ressent, mais n’est-ce pas là un des plaisirs de mener un grand bateau à la voile ?

Archétype du gros croiseur d’une époque, hélas, révolue, le Sun Kiss 47 constitue une bonne affaire pour qui recherche un grand bateau. Bien fini, souvent très équipé, polyvalent et bon marcheur, élégant et spacieux, que demander de plus ?

7. Caractéristiques

  • Longueur 14,40 m
  • Largeur 4.45 m
  • Tirant d’eau 2m10
  • Poids 14t
  • Moteur 70 chevaux
  • Capacité carburant 250L
  • Capacité eau 800L

8. Confort

  • Eau chaude
  • Douche intérieure et extérieure
  • 2 wc
  • Réfrigérateur
  • 3 feux de cuisson (gaz)
  • Four
  • Autoradio
  • Annexe + moteur

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L’essai est rédigé par François Meyer.

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