Comment tirer le meilleur parti d’un voilier en terme de vitesse ? Un grand nombre de facteurs, mis bout à bout, peuvent influer sur les performances d’un voilier. Ces facteurs sont de plusieurs natures : propres au bateau, à l’environnement et enfin à l’équipage. Comment en tirer le meilleur et rattraper tout le monde sur votre plan d’eau ?
1. Tenir sa coque et ses appendices propres
Pour bien glisser sur l’eau, une coque de bateau doit être lisse. Bernacles, algues et autres crustacés ne font pas bon ménage avec une bonne glisse.
Des voiles en bon état
Les voiles transmettent la force du vent au voilier. Elles sont fabriquées en assemblant des lés d’étoffe pour constituer un objet en trois dimensions. Des voiles fatiguées présentent des formes relâchées. Elles ne souvent sont plus possibles à aplatir par temps frais.
2. Faites la chasse aux poids
La vitesse résulte directement du rapport poids-puissance. Sur les voiliers de course, la construction, l’accastillage, le gréement sont conçus pour être les plus légers possible. En effet, plus le bateau est chargé, plus la surface mouillée de coque -les frottements induits- est importante, contrecarrant la recherche de vitesse.
Prendre garde au centrage des poids
La position du centre de centre de gravité d’un bateau est en relation directe avec la position de la coque sur l’eau. Un chargement inadapté peut conduire à relever la proue ou à charger la poupe ou encore à générer une gîte artificielle permanente. Surveillez les assiettes longitudinales et latérales. Pour la vitesse de pointe, bannissez les bossoirs surmontés de panneaux photovoltaïques portant l’annexe, les bateaux de vitesse en sont tous démunis ! La position des membres de l’équipage joue un rôle important dans l’équilibre à la gîte, placer tout le monde au rappel ou au moins, au vent, quand on navigue au près, permettra de conserver un peu plus de toile.
3. Tracer une route tenant compte des conditions météo
La présence de vagues ou de courant, de face ou sur un bord, va générer une conséquence immédiate sur la vitesse. Ces deux phénomènes vont créer une force -un frottement- inverse à la direction du navire, freinant ainsi sa progression.
Recherchez les allures planantes
Un bateau au mouillage ne coule pas grâce à la poussée d’Archimède exercée sur sa coque. A petite vitesse, une portance est générée en plus de la poussée d’Archimède. Plus la vitesse augmente, plus la portance augmente au détriment de la poussée d’Archimède, mettant ainsi le bateau au planning. Dans cette situation de planning, les frottements avec l’eau sont fortement réduits. A poussée égale, moins de frottements produit plus de vitesse.
4. Réglez convenablement votre grand-voile
Le vrillage
Une grand voile (GV) prends, sous l’effet du vent, une forme hélicoïdale, plus ouverte en haut. Elle est alors creuse et puissante. Par temps frais, il faut l’aplatir en jouant sur la drisse, la bordure, la chute, le hale-bas, le pataras et le chariot d’écoute.
On en diminue ainsi la puissance pour conserver une gîte acceptable. Voici pour la théorie. En pratique, on s’adapte aussi aux conditions de mer :
Par temps frais et en présence de clapot, il est utile de conserver une voile plus puissante, donc plus creuse, pour passer les obstacles que constituent les vagues.
La quête du mat
Le pataras permet de cintrer le mât en arrière (régler sa quête). Ce faisant on donne davantage de tension au tissu de la voile et on aplatit la voile.
Le guindant
On nomme guidant le bord latéral de la GV fixé au mât. En agissant sur le guidant, on peut jouer sur le creux de la partie centrale de la voile. Attention aux plis lors de l’attaque du guindant qui signent des tensions mal gérées.
On agit sur le guindant soit avec drisse de GV soit avec le Cunningham.
La bordure
On appelle bordure le côté de la GV fixé à la bôme. Plus on étarque la bordure, plus on aplatit la voile.
La chute
On appelle chute la partie libre de la voile. Plus on tend la chute, plus on creuse la voile.
Le hâle-bas
Le hâle-bas permet d’une part de retenir et de régler la bôme aux allures de portant. En tension, il contribue à aplatir la voile.
L’écoute de grand-voile
Border l’écoute de grand-voile déplace la bôme et la grand-voile vers l’intérieur du bateau mais aussi, compte tenu de la position du palan, aplatit la voile et la rend moins puissante.
La barre d’écoute
Elle permet de déplacer un chariot sur lequel coulisse le palan d’écoute de grand-voile. En la manipulant, sans toucher au réglage de l’écoute de GV, on peut ouvrir ou fermer le plan de voilure et en adapter la puissance.
5. Le réglage de la voile d’avant
En théorie, on peut jouer sur la tension de l’étai et du guindant ainsi que sur le réglage du point d’écoute et éventuellement de celle du nerf de chute de la voile d’avant.
En pratique, les voiliers étant majoritairement équipés de voiles d’avant sur enrouleur, seul demeure le réglage du point d’écoute et celui du nerf de chute si la voile en est équipée.
Régler le point d’écoute
La position du point d’écoute joue sur le creux de la voile d’avant, c’est un réglage longitudinal.
Plus il est avancé sur le rail plus on obtient une voile creuse.
Le réglage du point d’écoute peut être réalisé ou optimisé avec un barber-hauler travaillant sur plusieurs axes.
Régler le nerf de chute
Plaît-il ?
C’est un petit bout de faible section gansé le long de la chute de la voile d’avant permettant de la mettre sous tension. Une mise sous tension de la chute creuse la voile et augmente sa puissance.
6. Barrer en finesse
Une fois le bateau bien équilibré, réglé, sur une route favorable, le barreur entre en jeu pour optimiser la vitesse.
Un barreur donnant de fortes corrections (coups de barre) génère une route en zigzag, faite de freinages involontaires à chaque fin de segment, et d’accélération au suivant.
Les maîtres-mots à la barre sont “douceur et anticipation”.
Douceur Par douceur, il s’agit aussi que les corrections du barreur placent le bateau sur sa route et non pas au-delà ce qui obligerait à de nouvelles corrections !
Anticipation Par anticipation, le barreur démarre la correction juste avant que le bateau n’en ait besoin, lui évitant ainsi la faible diminution de vitesse consécutive une fois le bateau sorti de sa trajectoire idéale.
Sentir son bateau, bien réglé, répondant agréablement à la barre, en donnant toute sa mesure, sous le soleil, procure un plaisir immense; et plus grand encore si on gagne du terrain sur les voiliers voisins !
Pourquoi ne pas profiter des vacances pour sprinter dès que possible et affûter ses réglages ?
L’article est rédigé par François MEYER.
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